Du Titanic à la fosse des Mariannes, par Court-Saint-Etienne


 

James Cameron, réalisateur du film Titanic vient d’atteindre, ce dimanche 25 mars 2012, 10.898 mètres de profondeur dans la fosse des Mariannes, en solitaire. Il rejoint, presque, le record de Jacques Piccard et Don Walsh qui, 52 ans plus tôt, réalisèrent l’exploit de descendre jusqu’à 10.916 m le 23 janvier 1960.

Mais comment un tel exploit a-t-il pu être réalisé il y a plus d’un demi-siècle, à une époque où les matériaux composites d’aujourd’hui, d’une résistance inouïe pour un poids minime, n’existaient pas? Seul l’acier, très lourd, permettait alors de résister aux formidables pressions qui règnent dans les profondeurs abyssales.

 

Fin des années trente, un physicien suisse, chercheur et inventeur de génie qui ne craignait pas d’expérimenter lui-même ses inventions, imagina un vaisseau sous-marin capable de plonger vers les profondeurs océanes. Auguste Piccard, père de Jacques Piccard et grand-père de Bertrand Piccard, fondateur d’une dynastie de “savanturiers”, était alors professeur de physique à l’Université Libre de Bruxelles. Il venait, en 1931 et 1932, d’atteindre pour la première fois dans l’histoire humaine, la stratosphère à bord d’une nacelle suspendue à un ballon, aéronef de son invention pour lequel il avait imaginé aussi la cabine pressurisée. Il conçut alors un engin analogue pour explorer le monde sous-marin: une boule d’acier, très épaisse et donc très lourde, suspendue à un flotteur plus léger que l’eau qu’il remplit d’essence pour que la pression ne l’écrase pas. Le “bathyscaphe”, comme il le nomma, était né.

 

La guerre arrêta ce projet mais dès la fin de celle-ci, avec l’aide du Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS), il fut décidé de construire le bathyscaphe. Le professeur Piccard choisit une entreprise de pointe dans la métallurgie pour façonner la cabine sphérique et son choix se porta sur les Usines Emile Henricot. En 1947, la “boule de Piccard” quitta les U.E.H. pour une longue série de plongées. Après bien des aventures et deux flotteurs, elle repose aujourd’hui au Musée de la Marine de Toulon.

 

 

 

 

 

 

 

Le principe du bathyscaphe donna naissance à plusieurs vaisseaux et c’est à bord de l’un d’eux, le Trieste, construit en Italie sous la direction du professeur Piccard et racheté par la marine américaine, que son fils Jacques et le lieutenant de la Navy américaine Don Walsch  plongèrent dans la fosse des Mariannes où ils atteignirent la profondeur, toujours inégalée, de 10.916 m.

 

Voilà pourquoi Court-Saint-Etienne, par sa rencontre avec Auguste Piccard, peut prétendre se trouver sur la voie qui conduisit à l’exploration des plus grands fonds marins. 

 

Lors des Journées du Patrimoine en septembre prochain, nous espérons pouvoir vous raconter plus longuement cette extraordinaire aventure à laquelle Court-Saint-Etienne participa grâce au savoir-faire des Usines Emile Henricot.

 

Le Patrimoine Stéphanois (MT)