Truelle et rituel


 

Une allée rectiligne distribuant places de stationnement et, déjà, nous entrons dans le temps. Les tilleuls, qui bientôt borderont pleinement l’allée, rappellent nos vieux villages où les places accueillaient le bavardage de nos aînés. Ancrage dans l’histoire, et dans le temps. Un temps qui passe, procession en mouvement, un temps qui s’arrête, propice au recueillement. Le site alterne judicieusement lieux de passage et lieux d’arrêt, jouant ainsi très justement avec le relief.

Crématorium de CSEFace au bâtiment, la procession s’arrête. Les voitures sont garées et l’assemblée se sent invitée à entrer. Les lieux, les murs, le bois, tout l’y pousse. Premiers pas dans un espace peu commun où la lumière, la couleur, la chaleur accompagnent justement un cortège attristé. Deux majestueuses portes s’ouvrent sur la salle de cérémonie. Un lieu pensé pour que l’assemblée entoure le cercueil posé sur un catafalque. Nouveau clin d’œil à une tradition rituelle. Assis sur des banquettes en gradins, les proches sont tout au défunt consacrés. De part et d’autre.

Sortant par des portes également majestueuses, c’est le temps des condoléances dans un espace qui n’offre pas de vue extérieure. Délibérément. Recueillement, chagrin, intériorité. Avant d’emprunter la passerelle. Alors les vitres dévoilent, alors le parc se donne à voir, alors on peut retourner à la vie et commencer à accepter l’absence. Dans la contemplation d’un espace conçu avec simplicité où le bien-aimé a sa place, si telle est sa volonté. Accroché à la pente et à tous vents, un lieu à part qui contemple et invite ceux qui le souhaitent à s’y asseoir. Pour se recueillir, pour se rassembler, pour recevoir l’urne.

De ces prairies jusqu’il y a peu arpentées par les vaches, de ces landes où poussaient jadis les pins, un parc apaisant et ouvert sur les environs. Plateaux agricoles, prairies tranquilles, vallée encaissée de la Dyle, le crématorium a trouvé place harmonieuse dans cet environnement naturellement accueillant. Lieu d’intériorité, il est aussi lieu d’ouverture. Sur ses environs, sur la vie. Qui continue.

S.Mathen, archi-texte


à l’occasion d’une visite organisée par l’AABW et commentée par les architecte et paysagiste, Stéphane Jourdain et Anne-Marie Sauvat.

Photo : Paul Thielen